Faut-il sacrifier Iphigénie?
Projet de recherche et de résidences en milieu scolaire
librement inspiré du mythe d'Iphigénie
Iphigénie / Le prix du sacrifice
Sur les rivages d'Aulis. l'armée des Grecs se prépare à attaquer la ville de Troie alors que la déesse Artémis bloque les bateaux au port. Face à l'immobilité de son armée, Agamemnon, interroge l’oracle qui lui révèle que, pour apaiser la déesse, il doit sacrifier sa fille, Iphigénie. Le roi des Grecs se trouve alors pris entre son ambition guerrière et son affection paternelle. Quant à Iphigénie, l'ambition de son père, l'orgueil de Clytemnestre (sa mère), l'amour d'Achille (son fiancé) et l'obéissance qu'elle croit devoir aux Dieux la mèneront inexorablement au sacrifice.
D’hier à aujourd’hui, partir du mythe pour écrire un autre récit
Aujourd’hui, le mythe d'Iphigénie fait écho aux difficultés de notre société à remettre en question certaines logiques et comportements malgré des effets dévastateurs clairement identifiés pour notre avenir et celui de nos enfants. Les intérêts belliqueux d’hier peuvent être regardés comme les stratégies de guerre économique d’aujourd’hui. Notre jeunesse, telle Iphigénie, y sera-t-elle sacrifiée ? Comment envisage-t-elle son avenir ? Comment agir ? Comment ouvrir l’horizon ?
En tant qu’artiste, citoyenne mais également en tant que mère, ces questions m’interpellent et le mythe m’invite à une lecture et à une compréhension de la complexité de ce qui se joue actuellement. Dans le choix qu’elle fait d’aller elle-même au sacrifice, Iphigénie personnifie notre ambivalence, nos difficultés à modifier nos comportements, nos habitudes et à agir face à des injonctions contradictoires très puissantes. Je m’interroge sur les possibilités d’éviter la marche vers ce sacrifice des générations futures, annoncé au fil des nouvelles du monde qui me parviennent quotidiennement.
Au travers de ce projet, je souhaite partager mes interrogations avec les jeunes générations et contribuer, à leur contact, à construire un autre récit que celui du sacrifice inéluctable.
Cet autre récit qui pourra s’élaborer au fil des rencontres que nous ferons avec les jeunes, qui se construit à partir d’allers-retours entre périodes d’immersion, ateliers, rencontres et périodes de recherches en "labo artistiques". Une écriture qui se fera progressivement et intègrera les éléments que nous glanerons au fil de ces rencontres.
Dans le cadre de la résidence artistique du le territoire de la CCCE d’Erstein, nous mettons en place une étape du projet au Lycée Professionnel Agricole d’Erstein.
Échanges artistiques et contributions des jeunes
de collèges et lycées
La méthodologie, la temporalité et la forme de ce projet, ainsi que sa réalisation finale, sont envisagés dans une démarche de mise en œuvre des Droits Culturels au sein d'un processus de création, à la fois dans leur dimension participative, de co-construction et d'apports mutuels, notamment.
Les ateliers ont eu lieu avec 2 classes d’étudiants en BTSA Développement, Animation des Territoires Ruraux. Les 2 classes ont été réunies pour l’occasion. La période de résidence a été conçue en 4 étapes qui ont été réalisée dans un temps assez court :
1 - Ateliers en milieu scolaire
3 artistes ont travaillé sur le mythe en l’explorant de façon littéraire, théâtrale, sonore, en direction de 3 groupes d’étudiants. A cette occasion, les étudiants, accompagnés par les artistes, ont pu aborder le mythe sous divers angles via 3 propositions artistiques.
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Atelier d’écriture, dirigé par Myriam Dhume-Sonzogni – autrice.
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Atelier de captation sonore et collectages de paroles, dirigé par Manon Mourguiart – actrice et réalisatrice sonore.
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Atelier de jeu théâtral, dirigé par Delphine Crubézy – comédienne et metteuse en scène.
Ces 3 ateliers ont proposé aux élèves de travailler sur le mythe d’Iphigénie en le mettant en relation avec des sujets d’actualité tels que le changement climatique, la guerre, les questionnement des jeunes sur l’avenir… Les artistes, de leur côté ont récolté de précieux matériaux, et notamment des récits sous forme écrites et orales qui ont nourri les 2 étapes suivantes du projet.
2 – Labo de création d’un « impromptu »
Les 3 artistes ont travaillé en repartant de ce qui a été produit durant l’étape 1. Ce temps de « labo » a conduit à la création d’une petite forme impromptue, qui a été présentée aux classes du lycée.
3 - Restitution dans le réfectoire du LPA d’Erstein : Cette restitution a réuni les étudiants du LPA ayant participé à l’étape 1 ainsi qu’1 classe d’élèves de troisième. Une forme légère techniquement qui a permis de faire réémerger le matériau recueilli avec les étudiants et d’amorcer les bases d’une forme théâtrale ultérieure.
4 - Création d'une forme théâtrale associant 2 artistes supplémentaires : Fabienne Delude, scénographe et Charlie Droesch-Du-Cerceau, créateur·ice sonore. Pour cette création, nous explorons les pistes textuelles, scénographiques… d'un projet plus ample et à venir.
Durant tous ces temps de recherche (scolaire et laboratoire), nous puisons dans les textes de la mythologie, les textes classiques ou plus contemporains qui ont traité de la figure d’Iphigénie mais aussi dans des articles, des informations contemporaines, des essais, des images, des sons, etc. En provoquant une rencontre entre les styles et les matériaux, les langues et les époques nous souhaitons faire émerger les questions universelles contenues dans le mythe d'Iphigénie et leur donner une forme contemporaine.
